Retracer, c’est passer son crayon par-dessus une ligne déjà dessinée. L’encrer à nouveau pour la rendre plus grasse; la corriger, la remettre sur pied, à sa façon.
On retrace au stylo comme on retrace un sentier dans une forêt broussailleuse, se faufilant dans les voies déjà empruntées, mais autrement, à notre manière.
En retraçant, on expose.
En retraçant, on raconte et on dépiste.
En retraçant, on dévoile les balises et les repères qui nous guident.
En retraçant, on se réapproprie nos histoires.
Dans retracer, on entend bien sûr la trace. Celle qui laisse son empreinte pour mieux évoquer le passé et permettre d’entrevoir le futur. La trace d’un rêve ou la trace du passage d’un camion, les pneus ayant crissé sur l’asphalte chaude : les types de traces sont multiples.
Parmi toutes ces traces, qu’est-ce qu’il reste? Qu’est-ce qui advient?
Les conteuses Mafane (« Mouramour – Souvenir du Grand-pays »), Marie-Eveline Belinga (« Kulu et la sagesse ») et Andrée Levesque Sioui (« Wari ») nous le font découvrir dans leurs contes inédits créés pour l’occasion.
Andrée Levesque Sioui est Wendat de la communauté de Wendake près de Québec, sa ville natale. Auteure mélodiste interprète, poète et conteuse à ses heures, amoureuse du rythme de l’oralité de sa tradition et la joie de l’instantané. La voix devient, cet instrument de quête d’oralité enfouie, l’éveil d’une mémoire par le chant, la langue et les tambours. Elle a joué lors de nombreux événements spéciaux, célébrations et présentations poétiques telles que; Kiugwe, Jeux para-panaméricains 2015, WendaKébec, Bruits du monde, Kwahiatonhk, murmures et torrents de la grande tortue, Les 4 directions, etc. Elle est l’interprète principale de trois albums : Yahndawa’ (2011), (meilleure réalisation d’album aux Native American Music Awards 2013 et meilleure musique du monde aux Eworld Music Award 2012); Fais dodo mon trésor (2012) et Ozalik (2013). Elle a chanté sur la chaîne APTN pour l’émission TAM. Engagée dans sa communauté, elle y enseigne la langue wendat auprès des adultes et des jeunes depuis 2010. Chant(s) est son premier recueil de poésie publié aux Éditions Hannenorak et elle travaille à son premier album solo.
D’origine camerounaise et québécoise, Marie-Eveline Belinga a grandi au Sénégal. Elle est formée en philosophie (Université de Montréal) et s’intéresse dans ses recherches à la transmission orale et au patrimoine philosophique africain. En tant que femme noire francophone, membre de la communauté LGBTQ+, Marie-Eveline a choisi de valoriser ses identités en s’investissant dans un projet éducatif pour enfants. En 2017, elle fonde l’entreprise en animation parascolaire Penser et Grandir pour la vie. À travers les contes philosophiques africains pour enfants, elle initie les jeunes à la pensée critique, au vivre-ensemble et au dialogue. Elle travaille en étroite collaboration avec la Bibliothèque de Gatineau, les écoles et différents organismes communautaires de la région.
Originaire de La Réunion et aujourd’hui installée au Québec, Mafane a d’abord trouvé dans le conte un remède pour soigner le mal du pays. Si elle s’inspire dans un premier temps du folklore de l’océan Indien, elle s’intéresse rapidement aux autres traditions orales avant de se mettre à écrire ses propres histoires. Issue d’une longue tradition d’immigrants venus de Maurice, de Madagascar, de Sicile, d’Algérie et de France, Mafane s’interroge : lorsqu’on quitte son pays pour ne plus y revenir, qu’est-ce qu’on amène de plus précieux? Elle présente le fruit de ses réflexions dans La ruée vers l’autre. Le texte du spectacle a été publié sous forme de livre-balado chez Planète Rebelle, en collaboration avec La Quadrature pour la création sonore. La série balado est disponible sur la plateforme OHdio de Radio Canada et est finaliste au grand prix du livre audio de la Plume de paon.
CRÉDITS
Texte et interprétation : Mafane, Marie-Eveline Belinga, Andrée Levesque Sioui
Réalisation : Lévy L Marquis
Conception sonore et musicale : Samuelle Desjardins
Une production de la Maison des arts littéraires, un projet de diffusion de la Corporation du Salon du livre de l’Outaouais. Le projet a été réalisé grâce au soutien du Conseil des arts du Canada.
© Maison des arts littéraires, 2021